“Côté Google, nous cherchons à utiliser nos outils comme autant de moyens de rappeler la date et les informations clefs sur le scrutin”

“Côté Google, nous cherchons à utiliser nos outils comme autant de moyens de rappeler la date et les informations clefs sur le scrutin”

A Voté pose 5 questions à Claire Foulquier-Gazagnes, responsable Google Civics en Europe sur les Google trends des élections européennes.


1. Est-il vrai que les Français sont le peuple européen le moins intéressé par les élections européennes ? 

Heureusement, non !
Notre outil gratuit Google Trends permet d’explorer les tendances de recherche en ligne, depuis 2004 jusqu’à il y a quelques minutes. Pour permettre aux journalistes et aux citoyens de mieux comprendre l’intérêt par rapport à ces élections européennes, nous avons lancé un centre de ressource Google Trends sur les élections européennes qui permet de répondre à cette question. 

Nous pouvons par exemple  constater que la France est en septième position sur 27 pays en termes d’intérêt pour le scrutin européen. L'une des questions les plus populaires dans l'Union européenne en mai était, même, la suivante : “Comment voter aux élections européennes en France ?”

Au-delà du cas particulier de la France, il est intéressant de noter que courant mai, l'élection européenne 2024 a gagné du terrain auprès des internautes européens, se classant au deuxième rang des élections les plus recherchées au monde. Cela la place juste derrière les élections générales indiennes en termes d'intérêt de recherche.

Bien que l'intérêt actuel soit élevé, il convient de noter que les recherches sur les élections européennes sont en baisse de 30% au cours de la même période par rapport à 2019. Mais, cela doit être relativisé, le scrutin de 2019 ayant eu lieu au cours du mois de mai ; celui de 2024 se tenant le 9 juin.


2. Quelles questions se posent-ils ? Est-ce que les recherches effectuées par le public jeune sont identifiables et mettent-elles en avant un intérêt particulier, par exemple pour un candidat ou une thématique ? 

Les questions que les utilisateurs se posent au sujet des élections évoluent à mesure que le jour de l’élection se rapproche. Dans la dernière ligne droite, les questions se centrent généralement plus sur la logistique du vote (comment voter, comment faire une procuration) et les candidats (qui se présentent ?) car les électeurs planifient leur vote.

Aussi, le niveau d’information évoluant au fil du temps, certaines questions tendent  à disparaître du top 5, comme “quand est le deuxième tour pour les élections européennes”. Grâce à un travail de pédagogie des médias, des services gouvernementaux et d’organisations comme A voté, les électeurs savent désormais qu’il n’y a qu’un seul tour.

Dans le cadre d’une élection complexe comme les élections européennes, la question du sens (“à quoi servent les élections européennes ?”) reste cependant une constante des questions les plus posées, quelle que soit la distance au jour du vote.

Toutefois, notre outil Google Trends ne fait pas de segmentation démographique. Il permet uniquement de visualiser l’intérêt de recherche dans l’espace et dans le temps.



3. La plupart des jeunes que A Voté rencontre en porte à porte ne connaissent pas la date du vote. Quelle est votre approche pour répondre à la complexité informationnelle du scrutin européen ?

Le baromètre de l’Union Européenne montrait qu’en mars 2024, seuls 14% des européens connaissaient la date exacte du vote. Ce chiffre descendait à 11% pour les européens de 15-24 ans. Vos actions de terrain sont essentielles et nous sommes ravis de pouvoir collaborer ensemble pour sensibiliser les jeunes au festival We Love Green !

Côté Google, nous cherchons à utiliser nos outils comme autant de moyens de rappeler la date et les informations clefs sur le scrutin. Nous avons envoyé fin mai une notification mobile via notre application Search pour rappeler aux utilisateurs en France et en Europe que l’élection approche. Nous affichons en ce moment sur la page d’accueil de YouTube un encart dans le même but. Ces affichages renvoient vers notre boîte d’information sur Google Search où les utilisateurs peuvent retrouver les principales informations sur le scrutin en collaboration avec le Parlement européen. Nous allons redoubler d’efforts le 9 juin, de la page d’accueil de Google à YouTube, pour faire passer le message.




4. Au printemps, la Commission européenne a publié des recommandations destinées aux plateformes numériques comptant plus de 45 millions d'utilisateurs européens par mois, "afin d'atténuer les risques systémiques en ligne susceptibles d'affecter l'intégrité des élections". Comment Google lutte contre la désinformation ?

Nous luttons contre la désinformation en trois étapes clés.

Tout d'abord en amont de la diffusion de fausses informations, grâce au “pré-bunking”. Le “pré-bunking” permet aux électeurs de reconnaître et détecter les techniques de manipulations courantes visant à diffuser de fausses informations. Nous avons d’ailleurs lancé une campagne de sensibilisation (vidéo 1, 2, 3) le 15 mai en France en amont des élections européennes.

Ensuite, la lutte contre la désinformation sur Google s’illustre par la mise en avant d’informations fiables. Quand les internautes font des recherches liées aux élections, ceux-ci voient s’afficher une boîte d'information réalisée avec le Parlement Européen qui contient toutes les informations faisant autorité sur le scrutin. Nous avons aussi mis en place un label IA signifiant le contenu créé synthétiquement sur YouTube. 

Enfin, la lutte contre la désinformation passe aussi par le fact-checking des informations diffusées. Pour cela nous soutenons des organisations de fact-checking comme le Réseau européen des normes de vérification des faits (EFCSN - European Fact-Checking Standards Network. Nous mettons aussi à disposition des utilisateurs des outils de fact-checking comme “à propos de cette image” sur Google Images qui permet de savoir quand l’image a été ajoutée, et si elle a été modifiée.



5. On a beaucoup parlé des risques de l’IA durant ces élections, comment anticipez-vous ses impacts sur les futures élections ?

Les “deepfakes”, c’est à dire la création d’un enregistrement vidéo ou audio réalisé ou modifié grâce à l'intelligence artificielle, sont une menace émergente. La récente élection slovaque l’a illustrée puisqu’un enregistrement audio manipulé donnait l’impression qu’un des candidats préparait une fraude électorale.

Toutefois, nos équipes Google et YouTube, comme nos partenaires de l’AFP, notent que la désinformation passe aujourd’hui par des techniques beaucoup plus rudimentaires que des “deekfakes”. Cela explique l’accent que nous mettons sur la campagne de “debunking”, précédemment mentionnée, pour accompagner les utilisateurs dans la détection de ces techniques.

Une constante de notre action : les contenus manipulés qui ont pour but d’induire les internautes en erreur n’ont pas leur place sur nos plateformes, y compris en période électorale.

Nous appliquons nos règles en la matière, grâce tout d’abord à la technologie, qui nous aide à identifier les contenus problématiques à grande échelle mais aussi grâce à une analyse humaine. Plus de 20 000 personnes travaillent à la modération des contenus chez Google et nous aident à réaliser ce travail. Nous resterons vigilants tout au long du déroulement des élections, présentes et futures.