Remettons l'abstention des jeunes au coeur du débat politique

Remettons l'abstention des jeunes au coeur du débat politique

Le constat est sans appel, année après année l’abstention bat de nouveaux records. Les chiffres concernant les jeunes sont d’autant plus alarmants, 87 % des 18-24 ans et 83 % parmi les 25-34 ans ne se sont pas rendus aux urnes au premier tour des élections régionales et départementales. 

À première vue, cette abstention pourrait traduire une profonde indifférence pour la politique et pour les sujets de société. Seulement les jeunes n’ont paradoxalement jamais été aussi engagés. Leurs engagements se sont traduits ces dernières années par une hausse du nombre de bénévoles associatifs, de nombreuses marches, manifestations, pétitions, mais aussi à travers un activisme numérique nouveau. D’ailleurs plus de 60% des jeunes de 18 à 29 ans disent s’intéresser à la politique d’après un rapport de l’INJEP.

 

Les motifs de l'abstention sont multiples: l’offre politique, la « mal inscription » sur les listes électorales, la perte de confiance envers les institutions peuvent expliquer cette abstention grandissante. Seulement certains jeunes expriment aussi un vote protestataire. Face à une classe politique qui n’intéresse plus et ne représente plus les jeunes, certains protestent contre une non-représentativité des jeunes dans les institutions. Un récent rapport de la Fondation Jean Jaurès montre d’ailleurs que les jeunes sont mal représentés au sein de l’Assemblée nationale. Les choix et engagements politiques des jeunes ne trouvent pas écho au sein de la représentation nationale. Ces derniers ont en effet tendance à voter pour des partis défavorisés par le mode de scrutin actuel. Un jeune sur deux, âgé de 18 à 24 ans et ayant voté aux législatives au premier tour a porté son suffrage sur un candidat de parti « extrême » ou écologiste. 

 

Cette situation les amène à se questionner sur l’utilité du vote et sur la confiance qu’ils portent en nos institutions. Seulement 27% des 18-29 ans confient en 2018 avoir confiance dans le Parlement, 16% de moins qu’en 2008. (INJEP) Néanmoins le choix d’une majorité des jeunes de ne plus se rendre aux urnes lors des élections participe paradoxalement à alimenter ce sentiment de non-représentativité et de perte de confiance.

 

Face à cette situation, l’éducation à la citoyenneté et les parcours de citoyenneté doivent être au premier plan pour permettre de lutter contre certains préjugés ou méconnaissances alimentant la perte de confiance et l’abstention « protestataire ». De nombreux dispositifs comme le service civique, le service national universel mais aussi des acteurs associatifs jeunes et organismes apartisans sont à regarder de près. Ils peuvent en effet jouer un rôle central dans la lutte contre l’abstention et dans la remobilisation de cet électorat. En matière d’innovation des systèmes électoraux, l’introduction d’une dose de proportionnelle pourrait réduire ce sentiment de non-représentativité. 

 

À l’approche de l’élection présidentielle, le sujet de l’abstention massive notamment des jeunes doit être au centre du débat politique, des réformes de notre système démocratique doivent émerger pour lutter contre cette abstention récurrente et grandissante.