Lutter (vraiment) contre l’abstention en quartier populaire ? Retours sur 3 semaines d’expérimentation à Villeurbanne

Lutter (vraiment) contre l’abstention en quartier populaire ? Retours sur 3 semaines d’expérimentation à Villeurbanne

À quelques semaines des élections européennes du 9 juin 2024, la question de l’abstention refait surface, on parle d’un électeur sur deux qui ne se déplacera pas, et bien plus chez les jeunes et les habitants des quartiers populaires. 

 

« S’abstenir est un choix. Voter est un droit.
Et personne ne devrait en être privé !”

Camille Marguin, experte mobilisation en électorale, membre d'A Voté


Le phénomène de « mal-inscription »

L’abstention est un phénomène complexe qu’il faut replacer dans le contexte d’une crise démocratique installée depuis plusieurs années. Il existe de nombreux facteurs et de multiples situations menant à l’abstention, néanmoins, la mal-inscription, c’est-à-dire l’inscription dans un autre bureau de vote que celui du lieu de vie, en est un déterminant. La mal-inscription sur les listes électorales est une faille démocratique particulière à la France, où elle est un frein au vote pour 7,6 millions d’électeurs et électrices en 2017. Cela en fait donc potentiellement un levier, simple, concret pour lutter contre l’abstention ! Revenons ici sur une expérimentation de 3 semaines menée à Villeurbanne (proche de Lyon) par une poignée de militant.es pour lutter contre le phénomène de « mal-inscription » Comme on aime le rappeler à « A Voté” » l’abstention n’est pas une fatalité !

Le dispositif mis en place : du terrain, du terrain, du terrain !

Le dispositif est simple : couvrir l’ensemble d’un bureau de vote situé en QPV (quartier politique de la ville) en 3 semaines, pour vérifier les adresses de bureau de vote des habitant.es, les accompagner dans les démarches administratives si besoin et leur apporter de l’information, non partisane, sur les prochaines élections ! Puis attendre le 9 juin, pour évaluer l’impact concret sur l’abstention dans le bureau de vote en question.

3 partis-pris forts de notre expérimentation :

ALLER VERS : un maximum de porte-à-porte et stand de rue 
Une mobilisation de terrain, à la rencontre des citoyens et des citoyennes, sur le modèle des mobilisations de campagne électorale, mais sans discours partisan. L’objectif est d’aller là où se trouvent les gens : chez eux, devant les écoles, en parallèle des évènements de quartier, à la sortie des transports en commun, etc. Pendant 3 semaines, nous assurons une présence quasi quotidienne

FAIRE PASSER A L’ACTION : une tombola citoyenne
Pour inciter au passage à l’action, les habitant.es qui acceptent de participer au dispositif reçoivent gratuitement des billets de tombola pour des évènements sportifs ou culturels autour de chez eux (grâce à des partenariats gracieux obtenus par les bénévoles). Le tirage au sort final est l’occasion d’une fête citoyenne en présence des acteurs associatifs du quartier

FACILITER L’ACCÈS AU DROIT : permettre un accompagnement personnalisé 
À chaque rencontre, nos bénévoles sont formés pour pouvoir vérifier en 2 mn l’adresse de bureau de vote des habitant·es (site officiel ici). Suite à cela, si les personnes sont « mal-inscrites” »elles peuvent au choix :

  • Effectuer leur bonne inscription immédiatement
  • Prendre rendez-vous avec nous pour un accompagnement en visio ou à une permanence physiquement dans le quartier
  • Recevoir un mail pour les guider pas-à-pas

Le bilan ?

Nous attendons bien sûr avec impatience le 9 juin 2024 pour avoir des résultats concrets sur le taux d’abstention. Ce que nous retenons déjà c’est : 

  • Un accueil incroyable des associations de quartier et des habitant.es pour cette initiative : même pour les publics dits « éloignés” » le droit de vote apparaît comme un droit fondamental, et beaucoup nous ont vivement remerciés de faire ce pas vers eux. 

  • Les « mal-inscrits” »restent difficiles à trouver et à mobiliser, notamment les plus jeunes, souvent étudiants, qui ne savent pas où ils seront dans quelques mois

  • Les « sorties d’écoles” » sont des “v« viers” d » mal-inscrits et notamment mal-inscrits (il faut le dire). C’est le profil type : jeunes parents, ayant déménagé récemment, entre 25 et 34 ans.

 

 


Les ressources 

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